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Sud Languedoc Magazine N° 8

A R T S D U S U D L A N G U E D O C

Molière, 400 Ans de lumière sur le Languedoc ?

On pourrait écrire et réécrire le passage de l’illustre Molière dans le Languedoc, mais ce qui

est certain c’est que celui-ci reste indéfiniment, pour beaucoup de lieux, villages et villes une
empreinte référentielle du savoir illuminer par le verbe et la mise en scène le comportement de nos
semblables dans ses invraisemblances. Chaque lieu se veut détenir un bout de l’histoire de Molière,
quitte à s’arranger avec la vérité, combien de granges, de préaux, de salles improvisées en Languedoc
ont pu réellement accueillir cette troupe de comédiens précisément. En effet dans cette même période
d’autres troupes de comédiens moins célèbres parcouraient alors le Languedoc.

Ce que nous pouvons alors confirmer par les faits écrits de 1647 à 1657 sont ceux-ci:

Après l'échec de « l'Illustre Théâtre » à l'automne 1645,
Molière, accompagné de Madeleine et des Béjart,
abandonnait Paris pour la province. Il amorçait ainsi treize
années d'errance avant un retour dans la capitale, cette fois
définitive, à l'automne 1658. « Il fut obligé de courir les
provinces du Royaume », écrivent La Grange et Vivot, ses
premiers biographes, neuf ans après sa mort.
Lyon et le Languedoc sont les deux seules étapes
mentionnées, la première où il créa L'Etourdi, la seconde où il connut la protection du prince de
Conti.

Un quart de siècle plus tard, Grimarest, son véritable premier biographe, écrit dans une Vie de
Monsieur de Molière, paru en 1705 : Monsieur le Prince de Conti, qui l'avait fait plusieurs fois jouer
dans son hôtel, l'encouragea. Et voulant bien l'honorer de sa protection, il lui ordonna de le venir
trouver en Languedoc avec sa troupe pour y jouer la Comédie.
La trilogie Molière-Conti-le Languedoc est alors fixée, et pour longtemps. La protection de Conti,
prince du sang, soulignée par ces auteurs et dont Molière lui-même se réclamait encore en 1657,
après une rupture pourtant consommée entre le prince et le comédien, fut longtemps considérée
comme l'élément moteur de la promotion de Molière et de son théâtre, avant les faveurs royales.
Mais fut-elle en réalité aussi décisive ?

Quant au Languedoc, ce n'est certes pas la seule province foulée par une troupe itinérante parmi
d'autres. Quelle place originale eu-t-il dans la vie et la formation de notre personnage ?

Sur cette double piste, Conti et le Languedoc, s'engageait, au siècle dernier, la recherche la plus
passionnée jamais entreprise sur la vie d'un comédien.